(Fanamarihana: lahatsoratra anglisy nivoaka tamin'ny Jona 2006)
Nahoana no atsidika kely fotsiny ao anaty tantara Afrikana sy Haisiana noforonina ny resaka fanandevozana? Io no fanontanian'i Kangni Alem, Togoley blaogera monina ao Frantsa, nalefany tao amin'ny fampidirana am-biloagy miparitaka be iray sy voasaina tsara. Malahelo izy fa ny tantara afrikana dia tsy ahitana an'ireo andalan-tsoratra maro mikasika ny onjam-panandevozana izay nanafay ny tanibe ary tsipihany fa tsy manan-danja lehibe amin'ny literatiora haisiana ihany koa izany, hitany ho azo leferina ihany ireo antony'ny fanesorana izany ho an'ireo haisiana mpanoratra.
Zava-misy an'Arivony Taona Natao Tsinontsinona
il suffit de parcourir la bibliographie romanesque de quelques pays africains ayant payé un tribut lourd à la saignée esclavagiste pour toucher du doigt l’ampleur du silence quant au traitement du sujet par la fiction. Qu’il soit togolais, béninois, nigérian ou angolais, l’écrivain de ces contrées semble reléguer aux oubliettes des pans entiers d’un phénomène qui a quand même duré presque mille ans et connu trois phases principales: celle des traites antiques internes à l’Afrique (environ 14 millions de victimes, estiment les historiens), celle de la traite orientale touchant le monde musulman entre le 7e et le 19e siècle, et enfin la traite occidentale, la plus référencée, entre le 16e et le 19e siècle.
Sur le point qui concerne les traites internes ou domestiques surtout, la faiblesse relative du nombre des études consacrées à l’esclavage domestique par les historiens africains contraste fortement avec l’ancienneté du phénomène, sa généralisation à l’échelle du continent, son ampleur variable d’une époque à une autre, le rôle et les fonctions des esclaves dans tous les domaines d’activités, la diversité de leur statut social.
Nataon'i Haïti koa io fa noho ny antony hafa
L’amnésie sélective des écrivains d’Afrique rappelle étrangement celle des auteurs d’Haïti, la « première République Noire » où, de manière paradoxale, et peut-être logique, la question de l’esclavage est quasiment absente dans la littérature de fiction. Comment expliquer cette désensibilisation à la question de l’esclavage dans la littérature d’Haïti ? Primo, on peut évoquer ce facteur majeur, c’est dire le fait que l’événement retenu comme acte fondateur de la nation haïtienne soit une épopée libératrice, synonyme d’élimination de l’esclavage, alors que dans la majorité des pays du Nouveau Monde, l’accession à la souveraineté nationale ne s’est pas accompagnée de l’abolition de la servitude. Secundo, l’éradication de l’institution servile dans ce pays s’est effectuée dans un processus de ruptures historiques riches en révoltes symboliques décisives. Ce qui n’est pas le cas de l’Afrique, profiteuse par défaut des Abolitions décidées par les Autres.
Pour peu glorieuse qu’elle paraisse, la thématique de l’esclavage devrait permettre un retour enrichissant sur les mentalités d’époque, les relations socio-raciales, les structures économiques et les représentations identitaires.